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Paris, le 23 novembre 2023, Kamilya Jubran, compositrice, oudiste et chanteuse franco-palestinienne, est née et a grandi dans le village de Saleh, en Galilée, dans la Palestine historique, comme elle le dit. Son père, enseignant et luthier, l’initie à la musique classique arabe, notamment le chant et le oud. Elle s’installe à Jérusalem vers en 1981 pour mener ses études, dans l’université hébraïque. Là, raconte-elle, la musique arabe n’est pas évidemment pas enseignée. Elle fait des études de sciences économiques et sociales et s’engagent pour porter la voix palestinienne face des partis israéliens très présents dans l’enceinte de la fac. L’université, c’était comme un micro état israélien : les mêmes rapports d’inégalité étaient à l’oeuvre. Elle garde de cette époque ce sentiment indélébile, dès qu’elle pose le pas sur le territoire israélien, de n’être pas à sa place, d’être pointée du doigt par la pensée, parce que palestinienne. Dans les années 90, début 2000, elle chante et joue dans le groupe Sabreen, un groupe qui puise ses racines dans la musique traditionnelle et classique mais qui, insiste-t-elle, est dans une posture rock, un mode de vie et d’être à la société. Le groupe enregistre 5 albums et devient un groupe quasi mythique en Palestine, comme l’étendard, la preuve que la société palestinienne existe, résiste, puisqu’elle est capable de faire naitre des groupes de musique. En 2002, en plein intifada, alors que les aides internationales à la création son coupées, de peur qu’elles soient détournées par l’autorité palestinienne, elle se rend à Bern, en Suisse, dans le cadre d'une résidence de deux mois. Là, elle fait la connaissance d'un musicien, Werner Hasler, avec lequel, depuis, elle forme régulièrement un duo matinée d’électronique. Elle décide aussi de rester en Europe où elle multiplie les collaborations, d’abord en Suisse puis en France dont elle obtient la nationalité en 2012. En 2014, elle fonde l’association Zamkana qui soutient et accompagne des projets artistiques Plus récemment, elle s’est lancée dans une série de collaborations à géométries variables, Terraincognita, qui la conduisent à jouer avec des musicien.ne.s de tous horizons, autour de l’improvisation et de la création collective.
Publié dans : Portraits